Le culte des eaux : la fontaine de Lumarzu
La religiosité des populations nuragiques est attestée par des bâtiments liés au culte des eaux, comme les puits et les fontaines. Dans les puits sacrés, une antichambre couverte et équipée de sièges mène à l'escalier, qui permet de descendre jusqu'à l'endroit où jaillit la source, dans une salle souterraine couverte en tholos. En revanche, les fontaines étaient dépourvues d'escaliers, car elles étaient directement adossées à la source en surface et la chambre souterraine était une simple cellule couverte d'une petite coupole ou d'une simple plaque. Le peuple nuragique exprimait sa dévotion envers la divinité des eaux en déposant des offrandes à l'intérieur de ces bâtiments, en particulier de petites statuettes figurées en bronze.
La fontaine sacrée de Lumarzu se situe sur le versant septentrional du haut-plateau de Campeda, à la limite de la plaine de S. Lucia, dans les proches environs du village de Rebeccu (fig. 1).
Elle a été signalée pour la première fois par l'archéologue Antonio Taramelli, à l'occasion de travaux réalisés par le propriétaire du terrain, M. Rossi Gomez, et publiée en 1919 avec des dessins de Francesco Giarrizzo (fig. 2, 3, 4).
La fontaine, formée par des rangées régulières de claveaux de basalte façonnés avec soin, intercepte les veines d'eau abondantes qui jaillissent de la roche et qui, à travers une rigole réalisée sous le sol de l'entrée, affluent à l'intérieur d'un bassin en pierre recouvert d'une tholos, c'est-à-dire d'une coupole saillante coupée par une plaque horizontale de basalte, à son tour recouverte et imperméabilisée par des couches d'argile mélangée à de la poudre de calcaire (fig. 5).
L'entrée rectangulaire (antichambre) dallée, était sans doute recouverte à l'origine d'un toit à double pente. Au fond s'ouvre la porte qui mène dans la petite chambre qui accueille le bassin où affluent les eaux (fig. 6).
Les bancs présents des deux côtés (fig. 7) étaient probablement utilisés pour déposer les offrandes à la divinité ; sur le mur de gauche s'ouvre une niche de forme quadrangulaire. La façade principale se dresse au bout de l'antichambre et sa hauteur résiduelle est d'environ 2 mètres.
Le seul élément lié aux activités cultuelles est un petit vase en miniature découvert par le propriétaire du terrain, M. Rossi Gomez, et publié par Antonio Taramelli (fig. 8).
Dans ses études, Taramelli signale également pour cette source une fréquentation de l'Époque Romaine Impériale, tandis que la croix gravée sur la plaque de couverture au sommet interne de la tholos, pourrait dater d'une phase successive Médiévale ou Moderne.
Entre 2004 et 2005, l'Université La Sapienza de Rome en collaboration avec la Soprintendenza Archeologica per le province di Sassari e Nuoro entreprit des fouilles archéologiques et une restauration. On a pu ainsi dater la structure d'une période comprise entre le Bronze Final (1200-1000 av. J.-C.) et le premier Âge du Fer (1000-730 av. J.-C.). Au cours de cette intervention, on restaura la façade du bâtiment ainsi que le pavage de la place situé devant la structure.
Bibliografia
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- TARAMELLI A., Fortezze, Recinti, Fonti sacre e Necropoli preromane nell’Agro di Bonorva (Prov. di Sassari), con rilievi e disegni del Prof. Francesco Giarrizzo, in Monumenti Antichi dei Lincei, XXV, 1919, coll. 816-825.