L'armement des tours
En 1587, le roi Philippe II d'Espagne constitua la « Reale Amministrazione delle Torri » dont la tâche était de concevoir, de réaliser et de gérer un réseau de forteresses pour la défense des côtes de la Sardaigne.
Cet organisme, dont le siège se trouvait à Cagliari, était dirigé par le Vice-roi, qui nommait le capitaine (alcade), les artilleurs et les soldats chargés de défendre la tour. Leur devoir était de surveiller constamment la mer de manière à guetter les embarcations ennemies et à les couler avec les canons postés sur la tour.
Ces pièces d'artillerie qui portaient souvent des noms d'animaux (Fauconneau, Faucon, Émerillon, Couleuvrine, Sacre, Basilic, Passe-volant), étaient installées sur un « affût » (fig. 1). Il s'agissait de supports en bois ferré, avec quatre roues; le diamètre des roues avant pouvait être supérieur à celui des roues arrière.
Au XVe et au XVIe siècle, les canons étaient en bronze ou en fer, à canon lisse et le chargement s'effectuait par la bouche. Les projectiles étaient des boulets sphériques en fer (fig. 2), qu'on lançait grâce à des charges amorcées à travers un orifice (bassinet) réalisé dans la culasse. Les calibres (exprimés en livres comme le poids du boulet) les plus fréquents dans les tours étaient ceux de 8, de 6, de 4, et de 2 livres (un canon en bronze, d'un calibre de six livres et demie, pesait environ 500 kg).
Les canons qui équipaient les tours avaient des dimensions, des calibres et un poids réduit. En effet, il était très difficile de hisser sur la place d'armes un canon long et lourd, et on ne pouvait pas charger excessivement la voûte de la tour ; par ailleurs, les dimensions du canon devaient être compatibles avec l'espace réduit de ces terrasses.
L'équipement habituel d'une tour comprenait, outre les canons (de deux à quatre), un certain nombre de boulets de canon, quelques barils de poudre (celle qui était destinée au canon avait une granulométrie supérieure à celle des espringales et des fusils), une espringale avec quelques centaines de boulets spécifiques, un fusil pour chaque soldat avec quelques centaines de boulets (fig. 3) et une vingtaine de pierres à feu. On y trouvait également tout ce qui aurait pu servir en cas de besoin: des herminettes, des serpes, une corde goudronnée, de petits tonneaux pour l'eau, une chaudière en cuivre avec un trépied, une balance romaine et des jarres en terre cuite.
Il s'agit d'un canon de 8 livres d'une portée moyenne d'environ 504 mètres et d'une portée maximale d'environ 3150 mètres. L'espringale de 2 onces, généralement montée sur un trépied, chargée avec une once de poudre assurait une portée moyenne d'environ 500 mètres, et une portée maximale d'environ 2204 mètres.
Les tours contenaient souvent des boulets d'un calibre inférieur à celui des canons présents; on remédiait à ce problème en enveloppant le boulet de chiffons.
Les canons et les espringales pouvaient être actionnés avec une mèche ou avec un détonateur à pierre à feu comme celui des fusils.
On surélevait les canons dans les tours en insérant, sous la culasse, des coins en bois, mais ce système empirique compromettait souvent la précision de tir.
Sous les roues du canon, pour protéger le sol de la « Place d'Armes », on plaçait de grandes planches (madriers) et, après le tir, les canons étaient remis en batterie au moyen de leviers (fig. 4).
Chaque soldat était équipé d'une pique, d'un fusil à baïonnette et de boulets en plomb. Dans certains cas, les cartouches pour les fusils étaient fournies déjà confectionnées. Pour démonter et remonter les canons sur les affûts on utilisait un palan.
Outre les boulets de canon des calibres respectifs, certaines tours étaient également équipées de boulets enchaînés et d'engins incendiaires, les soi-disant « fiasques de feu ».
Bibliografia
- M. RASSU, Sentinelle del mare. Le torri della difesa costiera della Sardegna, Dolianova 2005.
- ASSOCIAZIONE SICUTERAT, Museo delle Torri e dei Castelli della Sardegna. Collezione Mona-gheddu Cannas, Sassari 2003.
- G. MELE, Torri e cannoni. La difesa costiera in Sardegna nell’età moderna, Sassari 2000.
- G. MONTALDO, Le torri costiere della Sardegna, Sassari 1992.
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