Port et tours côtières d'Arbatax
- Époque Moderne, XVIe-XVIIe siècles ap. J.-C.
Le village moderne d'Arbatax se situe au centre du littoral oriental sarde, au milieu de promontoires et de criques, à l'abri du Cap Bellavista et à proximité de l'Étang de Tortolì, dans une région qui a représenté à toutes les époques un lieu propice pour la sédentarisation de l'homme (fig. 1).
Les phases culturelles les plus anciennes remontent au néolithique et elles sont attestées par la présence, sur le territoire, de nombreuses tombes souterraines, comme les domus de janas et les menhirs du complexe archéologique de San Salvatore-S’Ortali ‘e su Monte (fig. 2-3).
L'Époque Nuragique est attestée par de nombreux nuraghi, simples ou polylobés, et par quelques tombes, comme celles de S’Ortali ‘e su Monte (fig. 4-5).
La présence des Phéniciens-Carthaginois sur le territoire de Tortolì est davantage attestée par d'anciennes sources littéraires de l'époque successive, qui relate la présence d'un port dans la partie centrale du littoral est de la Sardaigne, que par la découverte d'objets. Ce port, que les historiens situent à proximité de l'actuel étang côtier de Tortolì, représentait une étape importante pour les routes commerciales, aux époques phénicienne-carthaginoise et romaine, en direction des côtes du centre et de l'ouest de l'Italie et de l'Afrique du Nord (fig. 6).
A l'Époque Romaine, la région de l'Ogliastra, traversée par la voie qui reliait Carales et Olbia, avec une forte connotation militaire, comme le démontre la découverte de diplômes et de décorations militaires, qui indiquent la présence de vétérans romains. On dispose de peu d'informations sur la nature des agglomérations, sans doute rurales, et la plupart des témoignages de culture matérielle datant de l'Époque Romaine se concentrent essentiellement dans la plaine côtière de l'étang de Tortolì. La présence d'un lieu de débarquement sûr en Arbatax pour les embarcations romaines qui sillonnaient la Méditerranée, est également confirmée par les nombreuses découvertes sous-marines au large du village.
Grâce à une conformation côtière fortement marquée par la présence de criques et de promontoires, cet endroit a été exploité à des époques successives comme un lieu de débarquement sûr et comme un point de gué d'où l'on pouvait repérer d'éventuels dangers provenant de la mer.
En effet, c'est au début du VIIIe siècle de notre ère que commencèrent les incursions arabes le long du littoral sarde, imposant la construction des premières tours pour défendre la côte.
Du IXe au XVe siècle, au cours de la période des Judicats, on construisit de nombreuses fortifications qui veillaient sur le littoral sarde. Au cours de la domination espagnole, en particulier au début et pendant toute la première moitié du XVIe siècle, les incursions augmentèrent considérablement et à partir de 1570 on conçut un réseau de forteresses pour la défense des côtes. En 1587, le roi Philippe II d'Espagne constitua l' « Administration Royale des Tours » chargée de construire de nouvelles tours, de les gérer, d'enrôler des soldats et de leur fournir des armes. Le XIXe siècle marqua la fin du phénomène de la piraterie et les tours perdirent leur fonction.
En général, les tours étaient disposées à des endroits stratégiques d'où l'on pouvait scruter la mer au loin et chaque tour était positionnée de manière à permettre la communication, par l'intermédiaire de signaux lumineux, avec les tours voisines.
On construisit en Arbatax, entre le XVIe et le XVIIe siècle, trois tours de guet et de défense pour protéger le territoire contre les incursions des pirates. Les tours de San Miguel et de San Gemiliano sont encore visibles, tandis que la troisième, dite « de Largavista » a été démolie au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle pour faire place au Phare de Bellavista.
La tour de San Miguel, appelée en arabe « Arba a Tasciar », c'est-à-dire la « quatorzième tour », aurait donné son nom au bourg d'Arbatax, qui s'était développé, au fil des siècles autour de cette dernière. La structure imposante, réalisée au cours de la première moitié du XVIe siècle avec des blocs de granit et de porphyre, a une hauteur de 15 m et une forme tronconique; les deux niveaux internes avaient été mis en communication par un escalier à l'intérieur des murs.
La tour qui défendait le port était équipée de canons et d'espringales et, au fil des siècles, elle fit l'objet de nombreuses attaques et tentatives de débarquement. En 1846, le bâtiment perdit sa fonction de guet et de défense pour devenir par la suite une caserne de la Guardia di Finanza (Brigade des Finances).
La tour de San Gemiliano, construite en 1587 (qui signifie en arabe « Taratasciar », c'est-à-dire « treizième tour ») fut appelée au XVIIe siècle tour de Zacurru et ce n'est qu'en 1767 qu'on lui attribua son nom actuel. Elle domine la mer du haut de ses 43 m, sur un petit promontoire qui surveille la baie de Porto Frailis, à environ 4 km de Tortolì. Depuis le bâtiment, la vue s'étend à plus de 25 km.
Réalisée avec des blocs de granit local, elle présente une forme tronconique et une structure élancée conférée par un diamètre de 7 m et une hauteur résiduelle de 12 m. Pour garantir une meilleure défense du bâtiment, on accédait à l'entrée surélevée, située à une hauteur d'environ 4 m, en utilisant une échelle de corde ou en bois. Les soldats de garde logeaient dans une petite salle surmontée d'une coupole d'environ 13 mq, présentant deux meurtrières pour les bouches à feu. En utilisant un escalier en bois, à travers une trappe, en accédait à la terrasse où se trouvaient les canons et où les soldats pouvaient se protéger derrière le mur (un parapet présent sur la tour uniquement du côté terre). On affectait à la tour un alcade, c'est-à-dire un capitaine de la tour, deux soldats et un arsenal constitué par six fusils, un canon et deux espringales. Elle fut abandonnée quelques années après la suppression de l'Administration Royale des Tours en 1842.
La troisième tour, dite « de Largavista », fut bâtie avant 1639 au sommet du promontoire et elle fut démolie en 1866 pour construire le Phare de Bellavista. Elle tenait son nom du fait que depuis le sommet la vue s'étendait à plus de 45 km du littoral.
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