Les habitudes alimentaires
La découverte, à l'intérieur du Château de Monreale, d'objets liés à la préparation des aliments et d'un plan de cuisson à l'intérieur de la salle theta, a permis de supposer qu'il s'agissait d'une cuisine. Les habitudes alimentaires sont un des aspects les plus intéressants de la culture et de la civilisation d'un peuple et d'une période historique. Au Moyen-Âge, la Sardaigne passa d'une alimentation typiquement méditerranéenne comme celle de la période romaine, basée sur la triade blé-vin-huile, associée à des fromages et à de la viande, à une économie basée sur la chasse, la pêche, la récolte des fruits spontanés et l'élevage ovin et porcin.
Le foyer constituait l'élément fondamental de la préparation des aliments : les matières premières étaient bouillies, rôties ou cuites sous les cendres. On utilisait des récipients en terre cuite ou de grandes casseroles en cuivre, accrochés et suspendus au-dessus de la flamme, pour cuire des viandes, des poissons, des soupes, des potages ou des galettes à base de farine de pois chiches. On disposait aussi de fours rudimentaires pour la cuisson du pain. Les viandes et les poissons étaient conservés dans du sel.
L'alimentation des classes moins aisées était constituée par des potages de céréales et de légumes secs et par une grande tranche de pain assaisonnée avec des sauces pauvres en graisses, en protéines et en vitamines. En revanche, les familles riches avaient l'habitude de manger du gros gibier constitué par des sangliers, des daims, des cerfs, des mouflons, des lièvres, mais aussi de la viande d'animaux provenant de la chasse au petit gibier comme des pigeons, des colombes, des tourterelles, des perdrix et des grives.
On pratiquait la viticulture et on produisait également des vins à partir du raisin passerillé ; avec les moûts on produisait le « sapa », un édulcorant antique utilisé dès l'époque romaine, pour réaliser des gâteaux qui font toujours partie de notre patrimoine gastronomique comme sas tilicas.
Les épices jouaient un rôle important : on les utilisait pour masquer les goûts « forts » du gibier, et on mettait souvent du miel dans le vin pour réduire le niveau d'acidité.
Sous la domination de la famille génoise des Doria, en particulier à Sassari, on cultivait les pois chiches qui étaient torréfiés et broyés pour préparer la « farinata » (farine de pois chiches).
Au Moyen-Âge, on adopta également une nouvelle manière de consommer les repas : en effet, tandis que les Romains et les Étrusques mangeaient couchés (fig. 3), au Moyen-Âge on consommait les repas assis sur des escabeaux ou sur des bancs (fig. 4). Au centre de la table, on posait le plat contenant les mets dans lequel les convives se servaient directement avec les mains, ainsi que des récipients pour l'eau et le vin, dont l'usage est également attesté dans le château de Monreale par un pichet en faïence archaïque (fig. 5).